Bellecin : ce serait une trahison

Il n’y a pas d’autre mot pour décrire la volonté présidentielle de liquider une nouvelle fois un de nos joyaux. La suivre serait une trahison. Trahison historique et morale en abandonnant un patrimoine départemental inaliénable et sacré dans le cœur des Jurassiens. Trahison des engagements pris auprès de nos partenaires. Trahison envers le fonctionnement de notre Assemblée quand les décisions se prennent en petit comité et sont annoncées dans le journal.

Sur la forme d'abord

Le sentiment d'être pris pour une chambre d'enregistrement

On découvre dans une interview du Président Pernot le 17 avril 2023 qu'une réflexion est engagée sur l'avenir du site de Bellecin (sujet jamais abordé, ni en commission ni en séance) et que "il nous faudra très vite engager une réflexion avec les élus pour voir comment ils imaginent l'exploitation de la base de Bellecin".

Depuis ce jour-là aucun échange n'a eu lieu en commission. A quels élus est-il fait référence ? Nous apprenons ensuite toujours par la presse le 12 mai 2023 que le Président "demande au territoire de reprendre la gestion de Bellecin".

A aucun moment la cession de la base de Bellecin ni le changement de modèle n'ont été évoqués, ni dans cette mandature, ni lors de la précédente, y compris lors de la cession des actifs de Vouglans à Terre d'Emeraude où il était justement rappelé que "Même si Bellecin reste dans le giron départemental, ce qui est une obligation parce que je crois que nous sommes les seuls, avec la force du Département, à pouvoir assumer la promotion de ce site et d'en faire un pôle départemental d'exploitation touristique, mais avec une vocation de promotion nationale en accueillant les équipes sportives de premier niveau." (15 juin 2020).

"Bellecin qui reste un écrin que nous voulons labelliser «Département» parce que ce sera un outil promotionnel de notre terre jurassienne." (28 mai 2021).

Aucun mandat n'a donc été donné à l'exécutif départemental en ce sens.

Une hâte qui interroge

Pourquoi tant de précipitation ? Il est annoncé qu'une décision doit être prise avant l'été. Une précipitation qui n'est jamais bonne conseillère, surtout pour un sujet d'une telle ampleur. Mais l'on reconnaît bien là la méthode de la majorité départementale : sidérer pour gouverner. La surprise prend tout le monde de court et évite la contre-argumentation.

Précipitation encore avec l'ajout en dernière minute d'une séance publique du Conseil départemental le 7 juillet à 11h et une réunion de commission initialement prévue à... 10h30... (sachant que la dernière commission permanente avant l'été est prévue à 9h30 avec 431 pages de rapports à traiter).

Sur le fond, beaucoup de questions

Un gâchis ?

Pourquoi casser un système qui donne satisfaction ?
Pourquoi le Département ne pourrait-il pas assumer les changements à venir ?

Le projet de faire un site exclusivement réservé au haut niveau était une chimère.
La première vocation du site est socio-éducative, avec l'accueil des enfants. Ce que le site fait très bien.
En accueillant en mixité des sportifs de haut niveau, le site a trouvé là aussi un bel équilibre.
La piscine était aussi le dernier maillon d'une longue chaîne (gymnase, construction des chalets) visant à ouvrir toujours plus longtemps dans l'année la base (permettant aussi une gestion plus sociale des emplois) et aussi de diversifier toujours plus les publics pour développer de nouvelles recettes.
Il semble que ce soit cette piscine qui crée aujourd'hui la discorde. Alors pourquoi avoir validé cet investissement ?

Depuis 50 ans, tous les exécutifs départementaux successifs ont continué à investir dans cet équipement départemental. Jusqu'à aujourd'hui...

Des inquiétudes sur le transfert

La communauté de communes de Terre d'Emeraude aurait-elle les épaules plus solides que le Département pour porter un projet socio-éducatif à rayonnement départemental ?
Quel projet portera-t-elle ?
Quelles garanties de maintien de la vocation socio-éducative du site ?
Est-ce même sa vocation ?

Il est certain que la communauté de communes ne pourra pas financer le même modèle économique qu'aujourd'hui.

Notre sentiment dans tout ça c'est qu'une nouvelle fois, on casse quelque-chose qui marche bien pour une simple affaire de ne pas vouloir que les écoliers de Terre d'Emeraude puissent utiliser la piscine de Bellecin sans avoir contribué financièrement à sa construction...

Au yeux de la majorité départementale, les sourires transformés de tous les enfants du département qui, grâce au Département, découvrent les activités de pleine nature, ne semble pas un enjeu d'une politique départementale importante.

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martin@exemple.fr
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